si j'y arrive,un article intéressant édité par Pifou 24 sur PECHEMANIAC
je vous fait un copier collé d'un article d'un autre forum que je juge intéressante il mérite d'être lu
en effet nous pensons faire du bien a la pêche mais est-ce vraiment la réalité ??
Membres du CA de la Fédération de Pêche 21
Le Bien Public a passé de nombreuses informations concernant la pratique de l’alevinage. Une quasi interdiction de l’alevinage a été proposée par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée. Les pêcheurs ont réagit. Ils sont pour ou ils sont contre, d’instinct, avec peu d’arguments. Ils se placent le plus souvent dans la situation, parfaitement compréhensible, du plaisir d’une prise Et si l’on parlait des poissons.
Il faut rappeler d’abord qu’un milieu favorable est colonisé avec une vitesse stupéfiante par les espèces qu’il est capable d’héberger. Ceci a son corollaire inverse : si le milieu est défavorable on peut toujours y apporter des poissons, ils disparaissent rapidement, en laissant des traces de leur passage. De quelles traces s’agit-il ?
L’alevinage consiste à apporter des poissons. Si ce sont de vrais alevins cela n’est pas trop grave pour le milieu, car dans la très grande majorité des cas ils vont disparaître et s’ils prospèrent c’est qu’il ont leur place, leur niche. Mais le plus souvent c’est des poissons « bons à prendre » que l’on déverse dans le milieu. Dans une pyramide de matière vivante (biomasse) qui va des végétaux vers les herbivores puis les carnivores le rendement de la transformation d’un niveau au suivant n’est que de 10 % environ. C'est-à-dire, par exemple, qu’il faut 10 kg d’herbivore pour faire 1 kg de carnassiers. Les bactéries le plancton, les insectes, les poissons à régime mixte…viennent compliquer ce schéma mais le principe du rendement faible chaque fois que l’on passe d’un échelon au suivant reste valable.
Aleviner c’est apporter des poissons du sommet de cette pyramide car se sont les poissons les plus intéressants. Aleviner c’est donc construire une pyramide pointe en bas.
Est-ce possible ? Est-ce acceptable ? Est-ce souhaitable ? C’est ce que nous allons discuter.
Il devient alors nécessaire de séparer les milieux en deux types.
1°) Ceux qui n’ont pas de prétention à la naturalité soit parce qu’ils sont dégradés soit parce qu’ils sont isolés : milieux fermés, ballastières, sablières, milieux vidangeables que l’on peut gérer, étangs, barrages, où les populations de poissons peuvent être, contrôlées, choisies. Là on fait ce que l’on veut, on met des truites en 2ème catégorie, on charge en carnassiers surdensitaires, on fait plaisir aux pêcheurs qui veulent avoir un poisson au bout de leur ligne, même s’il sort d’une pisciculture. Cela ne fait de mal à personne et permet à l’industrie-pêche, pardon, au loisir-pêche de tourner.
2°) ceux qui ont une prétention à la naturalité et qui s’ouvrent à des pêcheurs souhaitant prendre, ou ne pas prendre, du poisson aussi naturel que possible. Cette prétention est possible pour les milieux de 1ère et de 2ème catégorie. Prenons l’exemple de la Saône, elle contient de l’ordre de 700 kg de poisson à l’hectare soit environ 1000 tonnes pour les 92 km de Côte-d’Or. Les poissons blancs représentent 85 % de ce total. Les carnassiers (silure, sandre, brochet) 15 % environ. Prenons l’exemple du brochet dont la Saône était si riche jusque vers 1980 puis qui a décliné. On veut faire croire que le manque de frayères en est la cause mais dans un simple barrage ou même une sablière le brochet fraye sans problème. Alors ? On alevine en petits brochets (fingerlings, ça fait savant et ça rassure ; ils ont 4 semaines, mesurent 4 cm, ce sont des poissons d’avril)). Depuis le temps qu’on en met, si ça marchait ça se saurait. Les gestionnaires, pour se justifier, nous disent sans arrêt : le brochet revient ; mais il n’en finit pas de revenir. On voit beaucoup de brochetons, quelques gros et entre les deux c’est à peu près le vide. Jusque vers 1980, le sandre et le silure étaient presque inconnus en Saône. C’est une situation nouvelle, évolutive, est-elle suffisamment prise en compte ? Officiellement on nous dit que tous ces carnassiers doivent se développer parallèlement sans se gêner. Voire. C’est confortable mais est-ce efficace ? Naturel ne s’accorde pas avec passéiste.
Cela veut dire qu’il faut prendre ce que la nature nous donne sans chercher à lui imposer nos phantasmes. Deux règles de gestion ont fait leurs preuves : laisser le milieu tranquille pendant la période de fraye et remettre à l’eau les poissons qui ne se sont pas reproduits au moins une fois. Et on ne le fait même pas. D’autres règles permettant d’augmenter la productivité existent aussi (enlèvement des gros sujets, freinage des espèces dominantes) on en est encore loin préférant intervenir avec le coûteux marteau pilon qu’est l’alevinage.
Si dans un milieu on apporte des poissons, voici quelques unes des difficultés qu’on va rencontrer.
- Alimentaire : on surajoute à un milieu en équilibre, qui s’est construit au cours du temps, une espèce qui va déséquilibrer la pyramide naturelle. Tout le monde va avoir faim, y compris les populations autochtones. Même si ce déficit alimentaire est ponctuel il constitue un facteur limitant qui retentira sur la dynamique naturelle du milieu.
- Génétique : les souches qu’on introduit sont différentes, par quelques caractères, de celles qui peuplent le milieu naturel est qui se sont créées sur place par le jeu des adaptations aux pressions de sélection locales. Des hybrides entre souches originelles et apportées vont donner naissance à des individus inadaptés aux conditions du milieu. Des esprits que nous ne qualifierons pas ont même pensé introduire des triploïdes, c'est-à-dire des poissons génétiquement anormaux inaptes à la reproduction et possédant aussi d’autres caractères que l’ont peut considérer comme des tares (malformations du squelette, une vertèbre caudale de plus, chair plus grasse). C’est vraiment prendre le milieu pour une poubelle. Mais cela signifie aussi que nos gestionnaires ont compris le danger de la pollution génétique et que cela ne les empêche pas de continuer. D’ailleurs on mange déjà des huîtres triploïdes sans le savoir, pourquoi pas des truites.
-Adaptative : un brochet de Saône et un brochet de Vingeanne ne se ressemblent pas complètement. Ils portent le même nom, Esox lucius, et possèdent les mêmes gènes, ils sont pourtant morphologiquement différents. De nombreux articles décrivent ses « écotypes » de brochet, d’autres traitent de la truite, la fario, si belle dans sa diversité. C’est cette diversité qui permet au milieu de mieux résister aux perturbations. Elle doit être préservée pour elle-même ; nous avons vu combien cette stabilité du milieu était incompatible avec les croisements (génétique). L’agriculture nous a montré qu’une nouvelle variété pouvait être performante vis-à-vis des rendements mais qu’elle devenait incapable de se défendre naturellement et qu’il fallait la traiter. (Nous vous laissons choisir : traiter nos rivières ou protéger le naturel, adapté).
Ces adaptations ne concernent pas que les poissons dits nobles, quand on approfondit les observations on découvre cette diversité dans l’ensemble du monde vivant. Chez la vandoise par exemple on a mis en évidence une diversité morphologique remarquable dans des populations voisines vivant sur la même rivière (le Viaur) montrant que cette diversité est dépendante du milieu et quelle doit être protégée (Poulet N., in Revue de l’ONEMA, kmae, 2008, 388, 03).
- Sanitaire : pour produire des poissons de bassine il faut un milieu naturel, souvent un bras de rivière, que l’on va polluer par les aliments artificiels apportés, par les excréments des poissons, par les médicaments et autres ingrédients de « santé » que l’on va introduire, par les boues et vases de nettoyage que l’on va relarguer dans le milieu naturel….Ainsi on va produire des poissons dont on va vous assurer de la qualité sanitaire. Cette assurance montre qu’il y a un risque : celui d’infecter, de rendre malade, les poissons naturels de la rivière qui « bénéficiera » de cet alevinage provenant d’une industrie piscicole.
-Psychique : le milieu est pollué, tous les poissons sont morts ou ne sont jamais nés ou même simplement trop peu productifs pour satisfaire tous les pêcheurs. Ou encore : les pêcheurs ont payé, il faut leur donner du poisson à prendre sinon ils vont aller donner leurs sous au voisin. On met du poisson et on en remet régulièrement pour garder le client. D’ailleurs ce poisson, idiot, se laisse prendre facilement, ne connaissant pas le milieu il ne sait pas s’y alimenter, il a toujours faim, il suffit de se signaler en jetant des graviers dans l’eau, lui faisant croire à ses granulés habituels, pour le voir arriver. De toute façon il faut le prendre pour lui éviter de se faire manger par le brochet de service. Et quand il n’y en plus on en remet… Non seulement on ne permet pas à la conscience écologique de s’éveiller mais on la tire vers le bas, on engage les pêcheurs sur de fausses pistes.
CONCLUSION. Ce témoignage à charge contient cependant une concession importante. Dans les milieux fermés, qui, grâce à leur isolement ne sont pas source des différentes contaminations dont nous avons parlé, il est tolérable d’artificialiser le milieu dans le sens que l’on souhaite. Dans un souci de pragmatisme il semble que l’on doive accepter le même sort pour des milieux pollués et naturellement improductifs. Mais de grâce, soyons clairs, informons les pêcheurs afin qu’ils choisissent en connaissance de cause. Aujourd’hui, dans leur grande majorité ils ne savent pas. Le jour de l’ouverture les pêcheurs que vous rencontrerez vous diront que la truite qu’ils viennent de prendre est naturelle. Il y a même de la reproduction naturelle chez les arc-en-ciel ! Et si elle n’est pas naturelle elle vient de chez untel qui fait encore mieux que la nature ; de plus elle est saumonée (à la carotte).
D’ailleurs il suffit de voir le tollé que les nouvelles dispositions légales ont suscité. L’alevinage devait être pratiquement interdit. Pour une fois qu’une loi était un peu en avance sur la demande sociétale on a fait jouer les politiques, on est allé chercher la vieille garde et « heureusement » on a obtenu satisfaction, on peut aleviner à peu près comme on veut et continuer de polluer en rond les rivières, les poissons et les têtes de pêcheurs.
Dans les missions des Fédérations de pêche, ainsi que de celles de leurs composantes, la protection du milieu aquatique figure en bonne place. [b]Si on est plus exigeant sur la protection on va vendre moins de cartes. Le débat est ouvert. Le fait de comprendre la signification de nos actes nous permet de choisir en connaissance de cause. Les responsables savent et ne font pas, les pêcheurs ne savent pas et laissent faire. Ils savent lire, voila le danger.
Voilà,ça sera ma petite contribution